Observatoire français des tornades et orages violents

Bilan de l'activité orageuse du printemps 2016


Supercellule au nord de Dijon le 27 mai 2016 - Nicolas GASCARD

Une instabilité proche de la normale à l'échelle nationale

A échelle nationale, le printemps 2016 présente une instabilité très légèrement supérieure à la normale avec un excédent de +7%. Ce printemps globalement proche de la normale en terme d'instabilité contraste avec le printemps 2015, qui fut le plus stable depuis 1997.

La carte ci-dessous à gauche témoigne d'une situation très contrastée. Les deux tiers ouest de la France ont connu une instabilité plus importante que la normale, jusqu'à +30% sur la Touraine alors que le tiers est est en déficit, jusqu'à -23% sur le nord de l'Alsace
 
Au niveau des contenus en eau précipitable, le printemps 2016 ressort dans la norme en moyenne nationale, avec toutefois un léger déficit sur les régions du nord, et un excédent très faible des Pyrénées à l'ouest du Languedoc.



Une situation extrêmement contrastée entre nord et sud

Sur les trois mois de printemps, la France a compté 79 jours d'orage, soit 11 jours de plus que la moyenne 2009-2015. Ces valeurs sont très supérieures à celles relevées lors du printemps 2015 anormalement peu orageux.
 
C'est sur le département des Landes que l'activité orageuse a été la plus fréquente avec 31 jours d'orage soit un tiers du printemps. Ensuite, c'est dans le nord que les orages ont été les plus fréquents avec 25 à 26 jours d'orage sur la Somme, le Calvados, l'Oise et le Pas-de-Calais
Les départements les moins orageux (hormis Paris et une partie de la petite couronne dont les données sont à relativiser en raison des superficies départementales) sont situés dans le sud-est. On ne dénombre ainsi que 5 jours avec orage en Vaucluse, 6 jours dans le Gard et 7 jours dans les Bouches-du-Rhône
 
De fait, par rapport à la moyenne 2009-2015, tous les départements français du quart sud-est enregistrent un déficit notable avec 8 à 9 jours de déficit sur le sud des Alpes, l'Auvergne, le Gard, la Drôme et l'Ariège.
A contrario, les excédents sont remarquables au nord de la Seine puisqu'on compte jusqu'à 15 jours d'anomalie positive près de la Manche, dans les Pays de la Loire mais également en Aquitaine.
 
Les orages ont parfois été sévères durant le printemps. On compte 2 jours avec orage violent et 20 jours avec orage fort. Là encore les scores sont en nette hausse par rapport à 2015.



Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de ce printemps, le score ressort à 3,01, soit une valeur qui vient se positionner juste derrière le printemps 2009 (3,15) qui s'était révélé franchement orageux et très chaud. La journée la plus orageuse de ce printemps 2015 est celle du 28 mai avec un I.S.O qui atteint 34,42. 


Quels régimes de temps ont dominé ce printemps ?

En moyenne, sur ces trois mois, les bas géopotentiels ont été dominants sur l'ouest de l'Europe et a fortiori sur la France, soit l'inverse du printemps 2015. 
On observe en effet une anomalie négative au niveau du géopotentiel à 500 hPa sur l'est des Açores, jusqu'à la France. Les anomalies positives ont été repoussées très au nord, en direction du Groenland. 
De ce fait, les conditions ont été régulièrement plus dépressionnaires que la normale, avec un excédent de flux perturbés, beaucoup d'intrusions froides en altitude et dès lors un potentiel d'activité orageuse plus important.
 
Conséquemment, les vents en haute troposphère ont été plus élevés que la normale sur une grande moitié est du pays. Ceci témoigne de conditions synoptiques dynamiques durant cette saison.
 
Anomalie du géopotentiel à 500 hPa (à gauche) et du vent à 300 hPa (à droite)
 
 
Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie de l'instabilité de la masse d'air et de la température vers 1.500 mètres d'altitude au cours du printemps 2016.

On constate globalement une instabilité proche de la normale sur la France, déficitaire sur l'Espagne mais excédentaire sur l'est de l'Europe. Après un hiver exceptionnellement doux, les basses couches ont été plus fraîches que la normale durant le printemps, avec un déficit vers 1.500 mètres qui avoisine -0,5°C sur les régions de l'ouest. Mais le gradient thermique vertical (grâce à l'air encore plus froid en altitude) a tout de même favorisé les développements convectifs.

On notera par ailleurs près du pôle et sur le nord-ouest du continent américain des anomalies thermiques exceptionnelles, souvent supérieures à +5°C sur les trois mois.
 
Anomalie du MULI (à gauche) et de la température à 850 hPa (à droite)