Observatoire français des tornades et orages violents

2015 : deuxième année la plus instable dans le monde depuis les années 1940

Le bilan global 2015 est dominé par l'influence du phénomène El Niño et se distingue par une forte instabilité ainsi que par une chaleur record.


2015, une année anormalement instable dans le monde

L'instabilité de l'atmosphère est à l'origine de la convection, source de la plupart des phénomènes météorologiques violents (orages, grêle, pluies diluviennes, cyclones,...). Plus l'instabilité est forte, plus le potentiel orageux s'accentue. Sur ce plan, l'année 2015 sort de la norme et affiche un excédent d'instabilité sur la plupart des continents. En moyenne monde, 2015 arrive ainsi en deuxième position des années les plus instables depuis les années 1940, derrière l'année 1997 qui conserve sa première place.
 
La carte ci-dessous présente les anomalies d'instabilité de l'année 2015 (rouge : excédentaire ; bleu : déficitaire), le critère sélectionné ici étant le Lifted Index :
Anomalie de l'instabilité en 2015. © KERAUNOS
 
Plusieurs régions du globe enregistrent une année record en terme d'instabilité. Tel est le cas de l'Amérique Centrale, de l'Océan Indien et de l'Arctique. Une partie du Pacifique, l'Amérique du Sud, l'Antarctique ou encore la Russie présentent un bilan 2015 proche des records d'instabilité (deuxième position sur 70 ans).
 
La France se distingue par une année proche de la normale 1981-2010, au sein d'un continent européen qui enregistre une année légèrement excédentaire mais contrastée, avec un déficit sur un axe Manche - Allemagne - Pologne, et un excédent près de la Méditerranée et en Scandinavie.
 
 

Une année très anticyclonique sur l'Europe

L'un des éléments marquants de l'année 2015 restera la forte anomalie anticyclonique enregistrée sur l'Europe notamment. Celle-ci est identifiable autant au sol (carte ci-dessous à gauche), qu'en altitude (ci-dessous à droite). Ces hautes pressions répétées ont d'une part provoqué des remontées régulières d'air chaud sur la France depuis l'Espagne et le nord de l'Afrique ; elles ont également généré des blocages durables sur la circulation océanique, induisant de fait une réduction de l'activité orageuse et un temps souvent peu agité sur notre pays.
 
Anomalie de la pression réduite au niveau de la mer en 2015. © KERAUNOS     Anomalie de la Z500 en 2015. © KERAUNOS
 
A l'inverse on note des pressions plus basses que la normale au sol sur tout l'est du Pacifique, ainsi que d'une manière générale aux latitudes polaires.
 
 

Une chaleur exceptionnelle et un excès d'humidité sur le Pacifique est

Si l'on considère l'altitude de référence pour les basses couches de l'atmosphère, à savoir l'altitude géopentielle 850 hPa (soit vers 1.500 mètres d'altitude), l'année 2015 enregistre un nouveau record de température moyenne à l'échelle du globe. La moyenne monde s'établit en effet à 8,2°C pour une normale 1981-2010 de 7,6°C. L'ancien record, qui datait de 2010, est battu de près de 0,1°C.
 
La carte ci-dessous à gauche figure les anomalies de température en 2015 vers 1.500 mètres d'altitude. On note la très forte dominante excédentaire sur la majeure partie des régions, qui sont nombreuses à enregistrer une année record ; c'est ainsi le cas de la France (+1,2°C par rapport à la normale 1981-2010), de l'Amérique Centrale (+0,9°C), de l'Amérique du Sud (+0,8°C) et des latitudes tropicales en général (+0,7°C).
 
 
Anomalie de la température à 850 hPa en 2015. © KERAUNOS     Anomalie du contenu en eau précipitable en 2015. © KERAUNOS
 
L'influence du phénomène El Niño a été particulièrement marquée en 2015 sur l'instabilité et les contenus en eau précipitable mesurés dans sa zone d'action directe (Pacifique est). Le carte ci-dessus à droite figure l'anomalie des contenus en eau précipitable, avec un maximum très significatif sur l'est du Pacifique équatorial, qui enregistre des valeurs supérieures de 7 à 10 mm à la normale.