Observatoire français des tornades et orages violents

Bilan de l'activité orageuse de l'automne 2016


Orage non loin du Cap de l'Aigle (Cassis - 13) le 27 septembre 2016 - Janis BROSSARD

Une instabilité en excédent modéré à l'échelle nationale

A échelle nationale, l'automne 2016 présente une instabilité supérieure à la normale avec un excédent de +19%. Cet excédent modéré place l'automne 2016 en 26ème position des plus instables depuis la fin des années 40, loin derrière l'automne 2014 qui conserve sa deuxième place dans ce classement.

La carte ci-dessous à gauche témoigne d'une situation contrastée. Les deux tiers est de la France ont connu une instabilité plus importante que la normale, jusqu'à +50% sur le Bas-Rhin, alors que le tiers ouest est en déficit, jusqu'à -24% sur le Finistère
 
Au niveau des contenus en eau précipitable, l'automne 2016 ressort en excédent, notamment sur les régions du sud-ouest. Ceci témoigne de la présence sur la France de masses d'air en moyenne plus océanique ou tropicale que la normale.



Beaucoup d'orages dans le sud-est, très peu dans l'ouest et le nord-est

Sur les trois mois d'automne, la France a compté 64 jours d'orage, soit 6 jours de plus que la moyenne 2009-2015. Ces valeurs sont très supérieures à celles relevées lors de l'automne 2015 peu orageux.
 
C'est sur le département de la Haute-Corse que l'activité orageuse a été la plus fréquente avec 27 jours d'orage soit presque un tiers de l'automne. Les autres départements méditerranéens enregistrent au moins 20 jours d'orage durant ces trois mois d'automne. Ensuite, c'est dans le centre-est de la France et près des Pyrénées que les orages ont été les plus fréquents avec 10 à 15 jours d'orage.
Les départements les moins orageux sont situés dans le nord-est et notamment en Moselle où aucun jour d'orage n'a été relevé. Il en est de même en Seine-Saint-Denis et dans les Hauts-de-Seine
 
De fait, par rapport à la moyenne 2009-2015, les départements du quart sud-est enregistrent un excédent notable avec 3 à 9 jours.
A contrario, les déficits atteignent fréquemment plus de 5 jours sur une diagonale partant de la façade Atlantique et allant jusqu'à la Lorraine. Le déficit atteint même 10 jours en Vendée
 
Les orages ont parfois été sévères durant le printemps. On compte 2 jours avec orage extrême6 jours avec orage violent et 11 jours avec orage fort. Les scores sont en hausse par rapport à l'automne 2015.




Quels régimes de temps ont dominé cet automne ?

En moyenne, sur ces trois mois, la France a été placée sous l'influence dominante de hauts géopotentiels remarquablement puissants et durablement calés entre Scandinavie et nord de la Russie. Ceci a conduit d'une part à réduire la fréquence des flux d'ouest dynamiques sur la France, et par ailleurs à favoriser les creusements dépressionnaires sur l'extrême sud-est de l'Europe. Ces derniers sont notamment propices aux épisodes méditerranéens.
 
Conséquemment, le courant-jet a été moins bien constitué que la normale sur l'Atlantique, avec deux branches distinctes, l'une se formant de manière récurrente entre l'est du Canada et le sud du Groenland, et la seconde sur le nord de l'Afrique.
 
Anomalie du géopotentiel à 500 hPa (à gauche) et du vent à 300 hPa (à droite)
 
 
Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie de l'instabilité de la masse d'air et de la température vers 1.500 mètres d'altitude au cours de l'automne 2016.

On constate globalement une instabilité supérieure à la normale sur la France, ainsi que sur une grande partie du bassin méditerranéen. A l'inverse, des profils stables ont dominé de la Scandinavie aux Iles Britanniques, avec une extension de cette zone stable jusque sur la Bretagne. Cette situation s'est accompagnée de températures légèrement supérieures à la normale en France vers 1.500 mètres d'altitude, sans que cet excédent ne soit remarquable. On notera toutefois la persistance d'anomalies thermiques exceptionnelles à proximité du pôle Nord, souvent supérieures à +5°C sur les trois mois à 1500 mètres d'altitude, et dépassant localement +12°C au sol en moyenne saisonnière.
 
Anomalie du MULI (à gauche) et de la température à 850 hPa (à droite)