Observatoire français des tornades et orages violents

Hiver 2015 : des orages peu sévères et une instabilité plus faible que la normale

L'hiver 2015 a été normal au niveau thermique à l'échelle de la France. Les orages observés durant les trois mois de l'hiver météorologique n'ont pas présenté de sévérité particulière et l'instabilité s'est avérée  en moyenne plus faible que la normale.

 

Orages de masse d'air froid fin janvier 2015 entre Cöte-d'Azur et Ligurie - Tristan BERGENOrages de masse d'air froid fin janvier 2015 entre Cöte-d'Azur et Ligurie - Tristan BERGEN

 

Un hiver peu instable sauf sur l'extrême sud-est et la Corse

A échelle nationale, cet hiver 2015 présente un déficit d'instabilité voisin de 15%, mettant ainsi fin à un excédent d'instabilité constant depuis l'été 2013. De fait, l'hiver 2015 devient le plus stable depuis l'hiver 2012.
L'écart à la normale atteint
-20 à -40% sur la façade Atlantique et près des frontières du nord-est. Ce déficit s'atténue progressivement en allant vers le sud-est de la France si bien qu'un faible excédent est observé à proximité de la vallée du Rhône. Celui-ci devient même marqué sur la Corse avec +60 à +90%.
 
Au niveau des contenus en eau précipitable, l'anomalie est négative mais le déficit est très peu marqué, de l'ordre de 10% au maximum sur le Roussillon, neutre en allant vers le nord-est.

 
Anomalie de MUCAPE sur la France durant l'hiver 2014-2015. © KERAUNOS          Anomalie du contenu en eau précipitable sur la France durant l'hiver 2014-2015. © KERAUNOS
Anomalies de MUCAPE (instabilité) à gauche et d'eau précipitable (à droite)
 
 

Des orages peu fréquents dans l'ouest et peu sévères en général

Sur les trois mois d'hiver, la France compte 37 jours d'orage soit 6 jours de moins que la moyenne 2009-2014. 12 à 13 jours ont été comptabilisés sur les deux départements corses alors que 22 départements, répartis de manière hétérogène, n'ont connu aucun orage.
 
Par rapport à la moyenne 2009-2014, c'est sur les côtes de l'Atlantique que l'anomalie est la plus marquée puisqu'on note un déficit de 8 jours sur la Gironde, la Vendée et le Finistère. Sur les autres départements du nord-ouest et de l'ouest de la France, le déficit évolue entre 4 et 7 jours.
A contrario, un excédent est observé dans l'est. Faible de manière générale (1 jour par rapport à la moyenne 2009-2014), il atteint 3 jours sur le Vaucluse.
 
D'une manière générale, les orages ont été peu sévères durant l'hiver. Seul le mois de janvier comptabilise 2 jours avec orage fort, près de la Manche et ponctuellement entre Bourgogne et Jura en raison de fortes rafales convectives sous les orages de neige observés en fin de mois. 
 
 
Nombre de jours avec orage durant l'hiver 2014-2015          Ecart à la moyenne du nombre de jours avec orage durant l'hiver 2014-2015
Nombre de jours d'orage (à gauche) et écart à la moyenne 2009-2014 à droite
 
 
 
Si l'on considère l'indice de sévérité orageuse (I.S.O.) moyen de cet hiver, le score ressort à 0,17, soit la valeur la plus basse de ces cinq derniers hivers. Entre 2009 et 2013, tous les hivers ont connu un I.S.O. compris entre 0,30 et 0,50. Ce faible score enregistré lors de l'hiver 2015 reflète une activité orageuse peu sévère étant donné que la fréquence des orages au niveau national n'a pas été très inférieure à la moyenne.
 
ISO moyens de chaque hiver depuis 2009-2010            ISO quotidiens de l'hiver 2014-2015
Indice de sévérité orageuse moyens saisonniers (à gauche) et indices de sévéirté orageuse quotidiens durant l'hiver 2014-2015 (à droite)
 
 
 

Quels régimes de temps ont dominé cet hiver ?

En moyenne, sur ces trois mois, les hautes pressions ont été largement dominantes sur le centre de l'Atlantique. On observe une anomalie fortement positive au niveau des géopotentiels au nord des Açores et sur le centre de l'Atlantique. L'hiver a en effet été rythmé par des extensions de dorsales anticycloniques parfois puissantes.

A contrario, les bas géopotentiels ont prédominé entre Irlande et Groenland, ce que confirment à la fois la carte d'anomalie du géopotentiel et la carte d'anomalie du vent à 300 hPa (au niveau du courant-jet).

Ce type de régime est caractéristique d'une NAO positive dominante lors de l'hiver. Lors de brèves phases de NAO négative ou neutre, des coulées polaires ont pu envahir la France en générant une instabilité un peu plus marquée notamment lors de l'épisode hivernal de la fin janvier et du début de mois de février. 
 
 
Anomalie du géopotentiel à 500 hPa durant l'hiver 2014-2015. © KERAUNOS    Anomalie du vent à 300 hPa durant l'hiver 2014-2015. © KERAUNOS
Anomalie des géopotentiels à 500 hPa (à gauche) et des vents à 300 hPa (à droite)
 
 
Les deux cartes ci-dessous présentent l'anomalie de MULI (instabilité de la masse d'air) et de la température à 850 hPa (vers 1.500 mètres d'altitude) durant l'hiver 2015.
 
Au niveau de la température de la masse d'air, la carte ci-dessous à droite met clairement en évidence une anomalie faiblement négative de quelques dixièmes de degrés sur la France. De fait, en moyenne nationale, cet hiver ressort quasiment normal au niveau thermique aussi bien à 1.500 m qu'en surface.
 
En conséquence, en l'absence d'excédent thermique significatif et d'un régime de temps plutôt anticyclonique, la masse d'air s'est révélée peu instable sur l'ensemble de l'hiver, sauf sur le bassin méditerranéen, entre Corse, Sardaigne et Italie.  
 
 
Anomalie des MULI durant l'hiver 2014-2015. © KERAUNOS   Anomalie des températures à 850 hPa durant l'hiver 2014-2015. © KERAUNOS
Anomalie des MULI (à gauche) et des températures à 850 hPa (à droite)