Observatoire français des tornades et orages violents

Journal convectif du 21 juin 2015

Le panorama des actualités convectives en France et dans le Monde.

 

Tempête tropicale Bill et "brown ocean effect"

La tempête tropicale Bill a touché terre au Texas sur l'île de Matagorda le 16 juin 2015. Les pluies intenses générées par le système cyclonique ont provoqué de nouvelles inondations entre le Texas et l'Oklahoma notamment. L'image satellite ci-dessous retrace la trajectoire et l'évolution de Bill, depuis son développement jusqu'à son entrée dans les terres et sa transition extratropicale sur le nord-est des USA.
  

This is an animation of tropical storm Bill since it development in the western Caribbean through this morning. More details on the analyses and forecasts for Bill are available in our tropical advisory at http://www.wpc.ncep.noaa.gov/tropical/tropical_advisories.php?storm=BILL

Posted by NOAA NWS Weather Prediction Center on samedi 20 juin 2015

Bill n'est pas une tempête commune dans la mesure où elle a conservé une circulation cyclonique très bien dessinée et quelques caractéristiques tropicales jusqu'au 20 juin, dans la vallée de l'Ohio.
Le système est en effet arrivé sur une masse d'air particulièrement chaude et humide, riche en chaleur latente, ce qui a pu favoriser l'entretien du système dans l'intérieur des terres. Les sols extrêmement humides et les zones encore inondées par les pluies exceptionnelles du mois de mai entre Texas et Oklahoma auraient pu jouer un rôle selon plusieurs spécialistes des phénomènes tropicaux aus USA.
Ce phénomène appelé "brown ocean effect" a été décrit dans quelques études américaines et australiennes et consiste en un maintien (voire une intensification dans de plus rares cas) de cyclone tropicaux dans l'intérieur des terres grâce au potentiel de chaleur latente disponible. Ce phénomène avait été constaté dans le cas de la tempête tropicale Erin en 2007 (lire l'étude).
 
Durant son parcours sur plusieurs milliers de kilomètres, Bill a maintenu une pression minimale entre 1000 et 1005 hPa. Ce dimanche 21 juin, le système émerge sur la côte nord-est des USA et entre dans l'Atlantique nord sous la forme d'un cyclone extratropical. 
Entre le 16 et le 21 juin, les précipitations relevées au passage de Bill ont une nouvelle fois été remarquables sur le sud des USA :
 
      
Lame d'eau radar estimée au passage de Bill et quelques cumuls de pluie relevés (NOAA) 
 
 
En marge de la tempête, de violents orages ont éclaté sur les états du nord, entre le Montana, le Dakota et la région des Grands Lacs. Des supercellules parfois tornadiques ont produit des chutes de grêle de 6 à 8 cm de diamètre et des rafales convectives proches de 140 km/h. Ces orages ont souvent évolué en systèmes convectifs de méso-échelle qui ont déversé de fortes pluies lors de leur transit sur les états les plus septentrionnaux.
 
Supercellule dans le Dakota du Sud le 19 juin - Reed Timmer
 


La mousson devient très active en Inde

Depuis plusieurs jours, la mousson s'intensifie nettement sur l'ouest de l'Inde. L'anticyclone en altitude s'étend de l'Arabie Saoudite à l'Iran, jusqu'au Cachemire indien. Dans les couches moyennes et inférieures, le flux de mousson s'est considérablement accéléré avec le creusement d'un vaste système dépressionnaire du désert d'Arabie à la côte somalienne, jusqu'à la mer d'Arabie. Les vents vers 1.500 m d'altitude sont soutenus et viennent buter sur les reliefs de l'ouest de l'Inde, près du littoral. La seconde branche de mousson gagne vers le Golfe du Bengale et les contreforts de l'Himalaya.
 
Ce flux de mousson apparaît très nettement sur les trois cartes ci-dessous, issues du modèle GFS. Elles représentent la direction et la vitesse des vents vers 1.500 mètres d'altitude, pour ce dimanche 21 juin, et prévus pour les journées des 23 et 27 juin prochains :
 
         
 
C'est à Bombay que les pluies ont été les plus intenses ces derniers jours et des inondations ont été observées. Plus de 600 mm de pluie ont été enregistrés du 18 au 21 juin, soit l'équivalent de la normale mensuelle de juin. Le cumul est quasiment identique à Ratnagiri mais la normale est bien plus élevée, tout comme à Goa. C'est en fait la partie nord du littoral ouest de l'Inde qui a été la plus copieusement et la plus anormalement arrosée durant ces derniers jours.
 
 
 
 
Au cours des prochains jours, les pluies vont se poursuivre sur le littoral de l'Inde mais le flux de mousson devrait faiblir lentement en seconde partie de semaine prochaine.
 
 
 

Un mois de juin exceptionnel de part et d'autre du Rio de la Plata

Le mois de juin marque le premier mois de l'hiver météorologique dans l'hémisphère sud. Au début du mois, des orages ont pourtant frappé l'Uruguay et dans une moindre mesure le nord-est de l'Argentine. Ces orages ont généré de fortes pluies avec cumuls supérieurs à 100 mm localement à Sequeira en Uruguay le 9 juin. Cette activité convective s'est déclenchée en partie grâce à des températures anormalement élevées puisque des records mensuels de chaleur ont été battus. A Salto, une température de 30.4°C a été relevée le 6 juin pour un ancien record mensuel de 29°C. Le record a également été battu à Mercedes et à Punta de los Toros.
 
Cinq jours plus tard, les gelées ont fait leur apparition de part et d'autre du Rio de la Plata et moins de deux semaines après les orages et les fortes chaleurs, les premières fortes gelées ont concerné la zone. Ainsi, des records de froid pour certains absolus sont tombés le 19 juin avec -8.5°C à Florida (record absolu) et -8.2°C à Mercedes (il faisait 30.2°C le 6 juin).

 
    
Records de chaleur du 6 juin et froid parfois record le 19 juin en Uruguay