Observatoire français des tornades et orages violents

Tornade EF2 à Marseillan (Hérault) le 20 octobre 1999

Une tornade meurtrière d'intensité modérée (EF2), issue d'une trombe marine, est observée sur le bassin du Thau ainsi qu'à Marseillan (Hérault) le 20 octobre 1999 à 17h30 locales. Le phénomène emmène notamment des véhicules à distance et endommage sérieusement des caravanes.

Il est à noter que la commune de Marseillan avait déjà été touchée par une tornade d'intensité EF3 le 23 octobre 1990, durant un outbreak de 3 tornades qui avait concerné le littoral héraultais. 

Principales caractéristiques de la tornade

* intensité maximale : EF2, soit des vents estimés entre 175 km/h et 220 km/h
* distance parcourue : 6 kilomètres
* largeur moyenne : 50 mètres

* commune traversée : MARSEILLAN (Bateau d'Argent, Maldormir, bassin du Thau, ville)
* département : HERAULT (34)
* altitude moyenne du terrain : 1 mètre
* type de terrain : tissu urbain discontinu; vignobles; plages, dunes et sable; marais maritimes; lagunes littorales

* principaux dégâts : arbres déracinés; poutres métalliques d'un hangar à bateaux pliées; caravanes retournées; des dizaines de bateaux à moteur retournés et brisés; toitures envolées; véhicule (2 CV) élevé dans les airs et emporté à faible distance dans le bassin du Thau; projection de débris (poubelles, panneaux de chantier)

NB : l'intensité des tornades est déterminée sur l'échelle EF augmentée. Cette version de l'échelle EF, mise en place par KERAUNOS depuis 2009, ajoute aux critères américains une série de spécificités propres à l'habitat européen.
 

Trajectoire de la tornade

 
© Keraunos (fond de carte : Géoportail)
 

Deux tornades en moins de dix ans

La tornade de Marseillan, issue d'une trombe marine, s'est propagée du Sud/Sud-Est vers le Nord/Nord-Ouest, sur une trajectoire de 6 kilomètres et une largeur moyenne de 50 mètres.

Les témoins de la tornade sont sous le choc : "Une poubelle est venue frapper la voiture puis on a vu passer devant nous un panneau de chantier. C’est alors que j’ai senti la voiture se soulever, raconte, encore très choqué, le conducteur. Je voyais la balustrade du pont se rapprocher. Une roue a retouché le sol et j’ai réussi à accélérer pour sortir du tourbillon qui nous soulevait. A quelques secondes près, je pense que nous finissions dans l’eau du canal" (Midi Libre du 22 octobre 1999).

Le phénomène a endommagé plusieurs véhicules, dont l'un fut soulevé et projeté dans le canal des Allemands, avec son conducteur qui a été retrouvé mort noyé. De très nombreuses embarcations ont également été retournées ou brisées par la tornade.

Les dégâts causés par cette tornade d'intensité EF2 sont conséquents : arbres déracinés, poutres métalliques d'un hangar à bateaux pliées, caravanes retournées, des dizaines de bateaux à moteur retournés et brisés, toitures envolées, véhicule (2 CV) élevé dans les airs et emporté à faible distance dans le bassin du Thau, projection de débris (poubelles, panneaux de chantier).

Il est à noter que c'est la seconde fois en moins de dix ans que la commune de Marseillan est frappée par une tornade. Le 23 octobre 1990, au sein d'un outbreak exclusivement héraultais, une tornade d'intensité EF3 s'était produite selon une trajectoire SSE-NNO presque identique, quoiqu'initiée environ 1 kilomètre plus à l'ouest :

© Keraunos (fond de carte : Google Images)

* * *

Le quotidien régional Midi Libre fait part du phénomène dans son édition du 22 octobre 1999. Le journal revient également sur la vague d'intempéries qui ont touché le sud du pays durant cette période:

Et si le climat se déréglait vraiment

Tornades à répétition dans l’Hérault, inondations dans le Gard…

Marseillan-Plage : la tornade meurtrière balaie 200 bateaux

Un sexagénaire meurt noyé dans le canal des Allemands. Les dégâts matériels sont énormes

C’est un spectacle de désolation qui s’offrait hier matin à l’entrée de Marseillan-Plage, à tous les automobilistes empruntant la route menant de Sète à Agde. Entre le canal des Allemands et le parc d’attraction, le port du « Bateau d’Argent », un des plus gros sites du littoral héraultais pour le gardiennage de bateaux en cale sèche, n’était plus qu’un enchevêtrement de poutres tordues emprisonnant des dizaines de bateaux à moteurs retournés et brisés comme des fétus de paille par la mini-tornade, aussi brève que violente, s’étant abattue la veille au soir dans l’axe du « Canal des Allemands ».

Des trois niveaux de rangement sur lesquels avaient été parqués près de 200 embarcations, il ne restait en effet plus rien, sinon un amas de ferrailles et de coques de bateaux plus ou moins endommagées par le sinistre.

Au pied de ce désastre, Max Jouve, le propriétaire des lieux, et deux de ses salariés tentaient encore de comprendre ce qui avait bien pu se passer mercredi soir vers 17h30.

« Nous étions dans l’atelier, raconte Michel Lallemand, le vent marin qui soufflait a soudain paru tourner et, en quelques secondes, on s’est retrouvé au milieu d’une tornade d’une violence inouïe. Cela n’a pas duré plus d’une minute, mais je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. » Même témoignage de Denis Dall’Agnol, l’autre salarié présent sur les lieux, qui se souvient avoir seulement eu le temps de s’abriter dans un container alors que tout s’envolait autour de lui. Pendant ce temps, les trois étages de poutres où sont parqués les bateaux, s’écroulaient comme un château de cartes alors que d’autres embarcations au sol, dont certaines pesant plus de deux tonnes, étaient elles aussi déplacées de plusieurs mètres par la force du vent. « J’ai vu un bateau s’envoler avec sa remorque de l’autre côté du grillage », raconte Max Jouve, tandis que son téléphone ne cesse de sonner. Des propriétaires de bateaux inquiets mais aussi des appels de sympathie pour celui qui a créé ce site de gardiennage en 1992.

Pour spectaculaire que soient les dégâts causés par cette mini-tornade qui, sur une bande étroite de quelques dizaines de mètres, a également détruit de nombreux arbres, arraché des toitures et couchés des arbres sur la voie ferrée, d’où une interruption du trafic ferroviaire durant près d’une heure, ce bilan n’est toutefois pas le plus grave. Car à quelques centaines de mètres du « Bateau d’Argent », c’est un homme de 63 ans, qui a, lui, perdu la vie à la même heure.

Roger Peiro, un habitant de Saint-Thibéry, faisait partie des très nombreux pêcheurs à la daurade massés de part et d’autre du canal des Allemands. Lorsque la pluie est arrivée et que le vent s’est levé, la plupart ont déguerpi. Mais Roger Peiro, lui, s’est abrité à l’intérieur de sa 2 CV stationnant le long du canal. A quelques mètres de là, les riverains ont alors vu la voiture s’envoler littéralement et retomber sur le toit dans l’eau. Malgré leur tentative, le sexagénaire avait succombé à la noyade lors de l’arrivée des sapeurs-pompiers d’Agde qui n’ont fort heureusement pas eu, à travers une quinzaine d’autres interventions sur le territoire communal, à constater d’autres dégâts que matériels.

«  La voiture s’est élevée dans les airs »

Durant toute la journée d’hier, les témoignages n’ont pas manqué pour évoquer la frayeur des personnes résidant sur le passage de la tornade.

Ainsi, ce couple de retraités qui revenaient en voiture en direction de « Maldormir ». A quelques dizaines de mètres seulement de leur maison, le tourbillon les a surpris alors que le véhicule traversait le pont enjambant le canal.

«  Une poubelle est venue frapper la voiture puis on a vu passer devant nous un panneau de chantier. C’est alors que j’ai senti la voiture se soulever, raconte, encore très choqué, le conducteur. Je voyais la balustrade du pont se rapprocher. Une roue a retouché le sol et j’ai réussi à accélérer pour sortir du tourbillon qui nous soulevait. A quelques secondes près, je pense que nous finissions dans l’eau du canal ».

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